La boucle sud de Salta

La boucle sud de Salta

Rarement nous vous parlons des villes, car même si nous préférons vous conter nos histoires naturelles, nous y passons forcément. Je m’arrête donc quelques lignes sur Salta, notre première ville argentine et surtout notre première jolie ville depuis Arequipa au Pérou (je sais c’est subjectif mais quand même). Je suis désolée de dire que sans les espagnols, les sud américains ne nous ont pas bluffé l’œil par l’architecture… ces derniers temps l’ambiance était plutôt maisons ou petits immeubles en briques, les fers à béton qui dépassent systématiquement car rien n’est terminé. De temps en temps il y a une façade colorée mais quand tu contournes le bâtiment, les côtés n’ont pas suivi. Seuls les tous petits villages ont au moins l’avantage d’utiliser les matériaux locaux, réalisant les maisons en adobe ou en pierres, ce qui donne une cohésion au paysage.

 

village de Bolivie – Sud Lipez

 

Je reviens à Salta, qui, grâce aux espagnols et à un tremblement de terre l’épargnant, dispose d’une jolie architecture coloniale. Célèbre pour sa magnifique cathédrale rouge, les maisons d’un étage sont blanches avec très peu de fenêtres. Derrière les portes se cachent souvent de petits jardins. J’ai une pensée pour l’Andalousie.

 

 

Nous décidons de louer une voiture pour découvrir la boucle au sud de Salta. La route 33 Salta-Cachi, la route 40 Cachi-Cafayate et la route 68 Cafayate-Salta.
Pourquoi ? Ben parce qu’il y a des quebradas (passage étroit entre deux montagnes), des montagnes colorées et du vin !

 

 

Nous avons choisi l’agence WCR parce qu’elle mettait à disposition à 9h la voiture. Les argentins ne sont pas lève-tôt,  on va le comprendre au fur et mesure. À 9h45 le mec arrive et nous refourgue la voiture. Une Clio 3 portes de 2016 – année argentine – car c’est le deuxième modèle qu’on a eu en France. Le mec nous redonne la consigne “Ne faites pas la route 40 avec cette petite voiture, elle n’est praticable que par les 4×4”. “Oui, ok”. Parle à ma main.

 

 

On rentre dans la voiture. Je claque la porte. Ah non, je re-claque la porte. Ah non, je bourrine la porte. C’est bon, elle est fermée (pour info, je n’arriverai à aucun moment à la fermer du premier coup, l’homme musclé à ma gauche non plus).
Vincent se sent un peu arnaqué car d’après lui, la voiture n’est pas en super état ! Perso je trouve ça plutôt cool de retrouver des fenêtres qui se remontent difficilement à la main en couinant. Elles sont raccords avec le bruit des amortisseurs inexistants. Et surtout, on va pouvoir faire la route 40, au pire on ne fera qu’ajouter notre touche personnelle au Jackson Pollock déjà collectivement créé sur la carrosserie.
Du moment qu’elle roule, moi je dis… de toutes façons y’a toujours plus pire d’abord !

 

 

Après avoir croisé un immense Jésus (j’aurai bien dit 6 mètres) crucifié et planté en bordure de route, nous entamons la très belle route 33 qui perd son goudron à un moment et nous arrivons en milieu d’après midi dans le charmant village de Cachi. Nous dégustons notre première bouteille de vin blanc argentin en hommage à Flo (c’est son anniversaire et même loin, on pense à vous ;-).
La veille à Salta nous avons goûté un vin rouge, le Miraluna, cépage Malbec, de 2016, une merveille au caractère fort. Les raisins ont grandi à 2670m d’altitude.
Pour le coucher de soleil de ce soir, nous serons plus léger avec notre petit Elementos bien frais dont le cépage est le Torrontès. Il ne restera pas dans nos favoris.

 

 

Ce matin debout vers 8h, nous descendons dans le village pour prendre le petit déjeuner…. rien n’ouvre avant 9h. Nous dégustons des “facturas” achetés à la boulangerie. Ce sont des petits croissants qui valent franchement les français ! Et nous attendons l’ouverture d’un des restaurants pour prendre un café. Et c’est parti pour la fameuse terrible route 40 !

 

 

On attend avec appréhension le douloureux moment où il faudra faire demi-tour. Mais rien n’arrive. Elle est caillouteuse oui. Mais ça passe. Jusqu’à la troisième d’ailleurs ! Donc soit on a oublié ce que c’est qu’une belle route goudronnée soit la Namibie nous a vacciné ! En même temps, nous sommes à la fin de la saison sèche… en saison des pluies je peux comprendre qu’elle soit moins praticable.

 

 

Donc après nous être extasiés devant un vol de perruches, nous nous arrêtons par sécurité auprès d’un monsieur pour nous enquérir de la suite de la route. L’accent argentin tuera tous les espoirs que nous avions concernant notre évolution en espagnol. À base de “che” partout, tout ce qu’il répond nous échappe, sauf “muy limpia” et le non-verbal serein et confiant. Alors nous continuons notre route poussiéreuse… Et somptueuse.

 

 

Arrivés à Cafayate, nous faisons le tour de quatre hôtels et auberges, mais aucun logement de disponible dans la ville. Pas de chance, il y a une course à pied le lendemain, et les argentins sont nombreux à être venus passer le week-end. C’est donc notre chère toile de tente, notre sauveuse, que nous retrouvons pour une nuit.
Nous passons la soirée dans un bar-restaurant un peu excentré de la foule, où lorsque nous demandons le mot de passe du wifi, le gérant nous répond : notengoidea  (je n’en ai aucune idée), ce qui nous plaît forcément et le rend heureux qu’on est compris la blague. Nous dégusterons à nouveau un cépage Malbec de 2016 histoire de comparer. La Finca Humanao… (les observateurs auront suivi). Il ne sera pas évident à boire, mais mettra Vincent KO…. presque 15°, il tape fort.

 

 

9h dans la ville, mais aucun café n’est ouvert, pourtant il y a du monde pour l’arrivée du trail. À ce moment-là,  nous avouons avoir jugé les argentins en ne les trouvant pas très malins. Nos pas nous poussent un peu en dehors de la ville où nous trouvons une boulangerie absolument merveilleuse… Mais l’histoire se trouve dans un autre article.
Et puis nous filons à la Bodega Taller Utama pour déguster du vin. Il est 11h30. Le panneau indique une ouverture à 11h. Nous poussons le portail, sommes accueillis par deux minuscules chiens. Nous avançons dans le jardin. Pas de lumière dans la maison. Nous appelons. Aucune réponse. Nous repartons direction une seconde Bodega, El Esteco. Vigile à l’entrée. Allée majestueuse. Très belle bâtisse blanche. Il nous indique le parking en nous demandant de nous garer en marche arrière. Soit. À la vue des autres voitures, nous sommes les seuls à avoir compris. Ou les seuls à obéir ! Nous rentrons dans une belle salle et comprenons que la dégustation de vin est payante. Déjà ça nous chiffonne, et on finit par faire demi-tour quand on voit le prix. La “petite dégustation” de trois vins coûte plus chère qu’une bouteille. Et en plus c’est vraiment cher par rapport au coût de la vie ici.

 

 

Bref,  nous tentons une 3ème et dernière bodega car on commence à en avoir marre. La Bodega Vasija Secreta. Nous arrivons juste après un bus de touristes. Nous nous incrustons dans la visite guidée. Et nous suivons pour la dégustation. Deux fonds de verre, gratuit cette fois (#lesfrançaisradins). Le cépage est le Tannat. Le blanc sera moelleux. À nouveau pas transcendant, et un rouge sans intérêt. La fille explique qu’ils ont deux autres vins, un de milieu de gamme et un de haute gamme. Des Malbecs à des prix très raisonnables (autour de 10€ la bouteille). Vincent demande si on peut goûter le haut de gamme car nous sommes intéressés pour acheter. Non, elle ne peut pas faire tester le haut de gamme. Par contre elle peut nous faire goûter le milieu de gamme. Mais faut payer. Oui mais non. Parce que déjà c’est l’autre qu’on veut tester…. On laisse tomber. De toutes façons ils s’en fichent, ils sont en train d’écouler les stocks du vin pas top au bus de touristes.

 

 

Nous avons beau essayer de ne pas comparer avec la France, et de mettre de côté notre pensée de français, nous ne comprenons pas la logique commerçante des argentins. Ils sont adorables, rien à redire, simplement c’est le premier pays où nous n’arrivons pas à dépenser l’argent qu’on veut dépenser !
Bref, nous reprenons la route 68 et oublions vite ces histoires de boissons car le paysage est encore très différent.

 

 

Les quebradas sculptées par l’eau et le vent nous bouleversent de leur couleur rouge, orange et de leur formes incroyables. Nous prenons en stop un monsieur tombé en panne. Adorable, il donne tout pour papoter avec nous, mais on ne comprend quasiment pas son accent et quand on arrive à comprendre et qu’on lui répond, il ne comprend pas notre accent. Vincent tente de mettre des “che” dans ses phrases. Ça sera malheureusement fastidieux. Dommage, ça aurait pu être une chouette rencontre, mais là, on est face aux fameuses barrières de la langue… Quelle frustration ! Mais ça nous motive encore plus pour persévérer dans l’espagnol. On laisse le monsieur 45 minutes plus tard à une station service, en espérant qu’il trouve une solution. Ses parents attendent dans la camionnette, au bord de la route…

 

 

Nous repassons devant grand Jésus toujours crucifié et retrouvons “Salta La belle” de son nom en aymara. Dernière nuit ici avant de prendre un bus vers Buenos Aires, notre dernière étape sur le continent sud-américain.

Maeva

 

Photo à regarder en s’imaginant qu’on lève la tête. C’est vers le haut que ça se passe.

 

Et pour ceux qui n’ont pas lu l’article sur le Chili :

 


  • J’ai adoré la photo de la maison avec des cheveux. Ce doit être très beau lorsqu’il y a du vent..
    Je vois que le rythme argentin est en lien avec le rythme que vous prenez petit à petit : long et intemporel. Si Vincent pouvait sourire un peu sur les photos, çà nous ferait plaisir..; El Gringo!!

    Vous pourrez aussi faire un livre de voyages vus à travers les vins et les bières (je sais je suis un peu pénible quand j’ai une idée en tête)…