Les conditions idéales

Les conditions idéales

Je fais partie de ces gens qui sont plutôt bloqués quand il s’agit de toilettes. Mes conditions idéales sont simples, il faut que les toilettes soient bien insonorisées, éloignées autant que possible des pièces de vie. Si elles pouvaient se trouver au bout d’un couloir de 500m ne donnant sur aucune pièce et jalonné d’enceintes diffusant une musique dont le volume serait suffisamment fort pour me garantir la tranquillité dont j’ai besoin, ce serait encore mieux ! Autant dire que cette semaine de woofing au sein d’une famille nomade en Mongolie va m’emmener bien loin de tout ça !
À J-10 je commence déjà à stresser et mon cerveau retourne des dizaines de questions, toutes plus irrationnelles les unes que les autres ! Comment font les nomades ? À quoi vont ressembler ces toilettes ? Est-ce qu’il y aura des parois/murs/paravents pour protéger mon intimité ? Si je dois creuser un trou dans une terre gelée à -10, comment vais-je m’en sortir ? Comment vais-je faire pour me cacher sur cette terre nue où la végétation la plus haute mesure une quinzaine de centimètres tout au plus ? Comment vais-je résister au froid mordant et au vent glacial qui balaye la steppe les fesses à l’air ? Il faut dire que mon expérience de toilettes « natures » est assez limitée, 2/3 pipis rapides pendant des randonnées et 2 toilettes sèches en festival, c’est tout !
Mais de toutes façons, il est trop tard pour continuer à stresser, nous arrivons déjà au sein du camp, 2 yourtes et l’enclos des bêtes. Je me renseigne sur les toilettes dès mon arrivée, réponse « everywhere is free »… même si un trou a été creusé par la famille à l’écart des yourtes, je décide d’aller plutôt de l’autre côté de la colline qui nous entoure…
Le soleil vient de nous faire ses adieux et il va falloir que j’aille offrir à la nature ce que mon corps est prêt à donner, l’instant où toutes mes questions vont trouver leur réponse est arrivé…



Équipée de ma frontale, je me lance à l’assaut de la steppe, une fois suffisamment éloignée de la yourte et à l’abri des regards, je concentre mon attention sur le sol, c’est du sable et il est aisé d’y creuser un trou, parfait ! Une fois accroupie, je me dis que je peux survivre au froid, et surtout je réalise que je suis sous un ciel étoilé comme on en voit jamais en France, la pleine lune baigne la steppe d’une douce lumière argentée, le silence est total… Ce soir là, j’ai eu une réponse à une question que je ne m’étais pas posée, est-ce que je pourrai un jour changer d’avis sur mes « conditions idéales », la réponse est oui.

L. en Mongolie