La chaussette

Je l’ai fait. J’ai basculé de l’autre côté. Je fais maintenant partie de cette famille.
On se comprend, on se respecte entre tatoués, paraît-il.
Ça a pris du temps à se réaliser. Un tatouage se réfléchit, mûrit tranquillement pour se dessiner naturellement.
Chez Lolo, comme il aime dire : « ton tattoo était déjà présent, sur toi, de manière invisible. Maintenant on l’a fait apparaître ensemble. il est sur toi, en toi. »

Il y a quelques années l’envie de me faire tatouer se faisait sentir, je n’ai jamais passé le cap, alors que plusieurs occasions s’offraient à moi. Et c’est ici, en Polynésie Française, que ça m’est venu, comme une évidence ! Mon histoire passée sur ces îles a rejailli et m’a décidé à franchir le pas.

Notre première rencontre avec l’artiste fut simple et belle. Il m’a ouvert sa porte, on a échangé sur nos vies, je me suis raconté, il a vraiment écouté, m’a guidé. De cet échange, trois heures après, il a posé, au stylo, une première esquisse sur mon pied.
C’est comme ça chez lui, un homme détendu, à l’écoute, passionné, qui partage, qui donne envie à l’autre.

C’est sans appréhension mais avec une certaine excitation que j’ai attendu le grand jour. Je ne savais pas à quoi m’attendre en terme de sensations. Ce qui est sûr et certain, c’est que c’est douloureux, pour la vie et addictif. À travers la peau, chaque mouvement d’aiguilles se répercute jusqu’au cerveau. 5 heures passées sur la table, l’endorphine ne fait plus l’effet escompté pour soulager cette douleur. Pendant cet acte, je suis passé par différentes émotions : l’inconnu, la douleur, la joie, le soulagement. Maintenant que c’est dessiné, que j’ai fait ancré en moi, pour l’éternité, mon premier tatouage, je réalise comme je suis content de ma nouvelle chaussette. Je la regarde. C’est naturel. C’est évident. Elle est à sa place, tout simplement.

Voici son œuvre. Voici mon œuvre. Enfin voici notre œuvre.

PS: Maruuru aux personnes présentes Maeva, Couz et Aurélien. J’ai aimé être accompagné par vous dans ce beau moment de vie.
Et merci à JM pour tes précieux conseils car en matière « tattoo », t’es bien placé aussi !

Vincent.