Les îles sous le vent

Les îles sous le vent

Je vous décris rarement l’environnement dans lequel j’écris mes articles. Pourtant cela pourrait faire un article en soi, du plus improbable au plus paradisiaque. Aujourd’hui j’ai choisi un transat, du papier et un stylo, mes pieds effleurant le lagon bleu turquoise de Maupiti. À une trentaine de mètres en face, un couple marche dans l’eau, harpon à la main pour attraper le repas de la journée. Un homme, sur une embarcation bleue est parti plus loin. Et tout au bout là-bas, juste avant les vagues s’écrasant sur la barrière de corail, un trait vert laiteux souligne l’horizon, tel le trait de crayon sous l’œil bleu de ma sœur. À chaque fois que je relève la tête, le vert laiteux a légèrement changé de couleur, jouant avec les rayons du soleil. Je suis sur une île « sous le vent », je profite donc de cette légère brise m’effleurant la peau, rendant la température tout à fait agréable.

Maupiti
Maupiti
Maupiti

Pour tout vous dire, depuis que nous avons mis les pieds sur l’Archipel de la Société, nous avons battu notre record journalier de « C’est beau ça ! », confirmant tous les clichés que nous avions de la Polynésie.
> le bleu turquoise, validé.
> les cocotiers, validé.
> les fruits, validé.
> les fleurs, validé.
> les poissons colorés, validé.
> la douceur de vivre, validé.
> la gentillesse des tahitiens, validé.

Raiatea
L’arbre du voyageur
Huahine
Tahaa depuis Raiatea

Nous sommes en saison des pluies, appelée également saison de l’abondance. Alors oui, nous nous prenons quelques belles averses de temps à autre, mais patientons à l’abri (surtout pas sous un cocotier, la chute de noix de coco étant dangereuse) et cherchons du regard l’arc en ciel qui se place toujours bien pour embellir encore un peu le paysage. Au paradis, la pluie n’a pas la même saveur. Il suffit d’observer les résultats pour se réjouir de la voir arriver. Les fleurs poussent à foison, les mangues et les avocats parsèment les chemins, à tel point qu’après avoir rempli nos ventres et nos sacs à dos, nous nous résignons à arrêter de nous baisser tout en nous disant « Mais quel gâchis, au prix que ça coûte en France même pas mûrs, faut que nous mangions une quantité suffisante, en hommage à la famille et aux copains. »

Raiatea
Raiatea
Tahiti

J’hume la fleur de tiare, mais je préfère encore plus celle du tipanier (le frangipanier) que je glisse derrière mon oreille gauche (car je suis en couple, sinon ce serait l’oreille droite), et nous voilà partis à la découverte de la vie insulaire. À pieds, en vélo ou en scooter en fonction de la taille de l’île, nous prenons un malin plaisir à en faire le tour complet. Chaque tahitien croisé nous salue de la main, d’un signe de tête, d’un grand sourire, d’un « ia orana » (bonjour) chaleureux. Il est tellement plus aisé d’aller vers l’autre quand l’autre plonge son regard dans le tien, sans jugement, simplement. La porte est grande ouverte. Le tutoiement de rigueur met tout le monde à égalité, il n’y a plus qu’à s’assoir et à papoter. À regarder les enfants, les femmes, les hommes pêcher jusqu’à la tombée de la nuit.

Tahiti
Huahine
Huahine
Huahine

Les tahitiens vivent dehors, assis dans le lagon à bavarder, sous un manguier sur des chaises en plastiques, à bricoler un petit bateau, ou à ratisser les cocos pour qu’elles sèchent au soleil, nous avons eu vite fait de recroiser Félix en train de creuser dans son jardin, lui qui est venu nous chercher à l’aéroport en bateau pour nous amener à notre pension familiale, ou encore Papi Gab qui nous a mis offert un collier de fleurs à notre arrivée et qui aujourd’hui transporte des morceaux de bois pour réparer quelque chose. Et lorsque tu marches sur la route, si une voiture passe, elle s’arrêtera immanquablement pour te proposer de t’avancer, car de toute façon, il n’y a qu’une route qui fait le tour de l’île, donc finalement tout le monde passe là où tu vas.

Maupiti
Maupiti

Et ce matin nous allions « au sommet », « Bonne balade » « Maruuru, nana » (merci, au revoir). Et c’est parti pour une petite ascension à 6h30 du matin. La chaleur est déjà là, nous dégoulinons. Nous traversons une forêt de manguiers, puis finissons à la corde à nœuds sur un rocher dominant l’île. Nous nous délectons du lagon et de son camaïeu, jusqu’à une grosse averse, mais Vincent avait glissé dans le sac le petit parapluie acheté en Colombie. Nous attendons quelques minutes, regardant le nuage et son rideau d’eau fuir plus loin, au-dessus de l’océan. L’arc en ciel nous fait un clin d’œil, et le soleil réapparait, jouant avec le dégradé de bleus. Nous repérons, depuis notre nid d’aigle, des « patates » dans l’eau (zone de corail) juste à côté du motu (petite îlot de verdure). Cet après-midi nous traverserons le lagon à pied, en maillot, parés de nos masques et tubas, pour plonger au milieu du jardin de corail où vivent bons nombres de poissons, raies et requins. On verra si nous sommes chanceux.

Raiatea

Maeva

 

Je tiens à préciser que nous ne sommes pas fan des retouches photos, ce qui veut dire que toutes les couleurs que vous voyez sont celles que nous voyons en vraies (avec un peu d’interprétation de l’appareil évidemment, mais qui s’avère être assez proche de la réalité).


  • Je retrouve dans tes mots, dans vos photos, la douceur des îles et cette sensation du temps qui s’est arrêté où rien d’autre n’a d’importance que de prendre justement son temps. De savourer, de discuter, de se rencontrer.
    Tahiti est bien loin de mes souvenirs mais il me semble que de toutes les îles où vous vous laissez échouez, il y a Tahaa que j’ai eu la chance de visiter. C’était une île sans aucune voiture… Le rêve.

    Continuez à vivre au rythme indolent des îles sous le vent…

    • A Tahaa il y a maintenant des voitures, mais peu. C’est resté une île calme car pas accessible autrement que par bateau, ce qui limite quand même le nombre de personnes. Ça n’est pas la folie de Bora, encore moins celle de Tahiti. Mais quand je dis “folie”…. on n’est pas à Paris hein !