Kia ora (Bienvenue)
Nous deux, pakehas (européens), sommes sur la Papatuanuku (terre mère) du peuple Maori. Je ne continuerai pas bien plus longtemps avec cette nouvelle langue car découvrir et rencontrer la culture maori n’est pas chose aisée. À part le nom de certaines villes, montagnes et réserves qui ont gardé leur nom, nous sommes plutôt dans un monde anglo-saxon. L’architecture des maisons nous le rappelle. Nous parlons l’anglais (avec un accent loin du british et pas facile à comprendre), et c’est sur la route, que nous nous élançons, côté gauche.
Branchez vos écouteurs, nous vous emmenons quelques minutes dans l’univers sonore de la Nouvelle-Zélande.
Jusqu’aux oiseaux l’histoire de la Nouvelle-Zélande peut se lire. Le tūi et le kea, par exemple, sont endémiques. Colorés, imposants, leurs cris déroutants nous font voyager vers un monde inconnu, nous enfonçant dans les forêts humides dont le camaïeu de verts est sublimé par les rayons traversant du soleil. Mais on y croise aussi des redpolls ou encore des goldfinchs aux allures de moineaux. Normal, ils viennent d’Europe. Ce n’est pas leur âme de voyageur qui les ont fait atterrir 18800 km plus loin afin de trouver un coin de paradis. Ils ont été importé par les anglais qui ont colonisé les terres à partir de 1840.
Le Kea (photo de Cécile Folope – @Cilouesque)
Dans leurs valises se trouvaient aussi des insectes et des moutons. Les premiers bêlements ont vite cessé… probablement le mal du pays, ils sont morts. Mais les hommes ont insisté et les moutons ont fini par résister à ce nouveau climat. Aujourd’hui, on compte pas moins de quarante bêtes par tête d’homme sur cette île. Et tous ces animaux doivent bien manger. Les anglais ont donc arraché et brûlé une bonne partie de la forêt recouvrant tout le territoire, transformant ainsi le paysage en de verts pâturages.
De nombreuses espèces ont disparu, d’autres sont devenues de véritables prédateurs pour les espèces endémiques. Mais parfois l’homme apprend de ses erreurs.
Les nouveaux-zélandais tentent aujourd’hui de sauvegarder les kiwis, mangés entre autres par les opossums qui n’ont rien à faire là. Il n’est donc pas rare de croiser des pièges pour les éliminer. Les voitures offrant un petit coup de pouce, car beaucoup sont écrasés sur les bords de route.
Aparté unique dans une vie : les nouveaux-zélandais ont une conduite vive. Nous sommes avec un van pas tout jeune tout jeune et les routes montent. Notre van équivaut dans ce cas à un tracteur. Nous nous sommes faits arrêter par un policier qui a mis sa sirène : « Vous roulez à une vitesse ridicule. Il faut laisser passer car les gens ici sont impatients et mécontents. Mais conduisez prudemment quand même. »
Revenons à la sauvegarde des espèces. Une autre chose nous a étonné. Nous rentrons dans une forêt comme à la maison : en nous essuyant les pieds. Cela permet de supprimer les parasites accrochés aux crampons qui pourraient nuire aux merveilleux arbres quasi disparus : les kauris. On ne les trouve qu’ici. Nous n’en avons pas croisé sur l’île du sud. Nous y avons surtout découvert les kahikateas. Datant de l’époque jurassique, ils sont les plus hauts arbres de Nouvelle-Zélande. D’un style dégingander, on ne peut pas dire qu’ils soient beaux. En revanche, la forêt humide qui les entoure nous emmène dans un autre monde. Celui des explorateurs, de la jungle, celui où les fougères sont tellement grandes, qu’on pense avoir rétrécis.
Devenant explorateurs à la recherche des kauris, nous avons spécialement été au nord de l’île nord, dans la Waipoua Forest, car c’est là que se trouvent ces arbres sauvegardés, et notamment les plus gros d’entre eux. Certains, millénaires, transpercent la forêt de leur tronc droit et imposant. Malgré leur apparence forte, leurs racines sont fragiles. Pour les maintenir en vie, on ré-injecte du phosphate dans certains sols appauvris à cause de l’homme.
Dans la culture maori, la nature a une âme. Elle est respectée. Nous avons rencontré Lance, qui tient le petit camping au milieu de la forêt, au bord de la rivière, là où nous avons décidé de passer le jour de l’an avec Anne-Claire et Louis. Lance nous a offert une petite marche de nuit, racontant les arbres, les kiwis, l’histoire, nous présentant son kauri préféré, celui à qui il parle. Et puis, éteignant tous nos lampes frontales, il a chanté une prière, et c’est ainsi, connectés à la cime de ces grands arbres que nous avons terminé l’année 2018.
L’année 2019 commence avec beaucoup d’émotions, car c’est au tchin de Cloudy Bay (un pétillant NZ vraiment bon) que nous avons reçu des enveloppes, Anne-Claire et Louis ayant eu la belle et généreuse idée de jouer aux postiers. C’est donc sous les étoiles que nous avons lus les petits mots, les jolies cartes, les beaux dessins, les mots doux des copains au loin. Et c’est vraiment beau ça !
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Je me suis déchaussé et je vous ai suivis dans l’antre du kauri. Son feuillage a fait silence et j’ai pu m’imprégner du chant scintillant du tui et du piwakawaka (?!). J’ai regardé cette forêt au vert nacré parsemé de temps en temps de petites touches de bleu azuré. J’ai caressé le tronc du kauri, construit par les vagues écumeuses de l’Océan Pacifique. J’ai humé l’air salé de cette forêt apaisante. Je me suis caché au monde dans l’ombre de ses fougères. J’étais bien. Je me suis fait tout petit pour ne pas qu’on me retrouve et l’on ne m’a pas retrouvé… Merci pour cette merveilleuse ballade
Merci d’avoir suivi, merci pour cette poésie ;-*