Paysages et cuisine

Paysages et cuisine

Avec tout ce qu’on s’empiffre, on ne vous a encore rien raconté de nos découvertes ! Cet article est donc la suite de notre périple, entrecoupé de nos frétillements de papilles.

Nous sommes à Ollantaytambo. Village connu pour sa résistance face aux espagnols mais aussi pour ses ruines incas. Nous entamons une jolie randonnée accompagnés d’une chienne que Vincent surnomme « Picchu ». Avec une vue imprenable sur le village, nous arrivons aux ruines des anciens greniers. Les incas y entreposaient une partie des textiles, des céramiques et des récoltes qui étaient les « impôts ». Ils étaient reversés au peuple lors des grands banquets mais aussi en cas d’intempéries engendrant des problèmes dans les cultures.

 

 

De retour au village, nous fonçons vers le marché où il est possible de manger. La cuisine de rue est très développée au Pérou (tout comme en Colombie et au Gabon). Derrière la fumée, une dame nous propose une petite brochette poulet, saucisse, pomme de terre. Goûtons ! Une autre dame nous fait une assiette pâtes / riz / frites / poulet pané aux épices parfaitement dosées. On a parlé cuisine de rue, pas de diététique ! En guise de desserts, nous testons de nouveaux fruits. La granadilla et le pepino de melon aux goûts délicieux, subtiles et frais. Nous concluons avec une petite mangue à tomber par terre.

 

 

Les péruviens, sont de fervents mangeurs de glaces. Alors nous faisons comme tous les gamins qui sortent de l’école, nous nous dirigeons vers une dame sous son parasol, qui a un seau avec trois parfums confectionnés par ses soins. Vincent teste le chocolat, et je me délecte du maracuya.

 

 

Nous finissons la journée perchés dans un petit bar-restaurant avec la vue sur les ruines et le village, à déguster un guacamole et ses nachos maisons, en buvant le cocktail local : le pisco sour (Pisco – alcool à base de moût de raisin / citron vert / sucre / blanc d’oeuf en neige / glace pilée / et angostura pour la déco). Avec les 2790 m d’altitude, nos têtes doucement enivrées, vont se poser sur l’oreiller.

 

 

Le lendemain, nous prenons un collectivo (petit van taxi), qui nous dépose à Media Luna, départ pour une petite journée de randonnée à travers la Cordillière des Andes. Nous arrivons aux Salines de Maras, accrochées à 3300 mètres.

 

 

Comme nous sommes du côté qui n’est pas touristique, Vincent demande à un monsieur qui travaille, si nous pouvons descendre au bord des bassins. Ce qu’il nous accorde avec un grand sourire. Une dame ramassant le sel s’amuse même à être notre guide et nous explique qu’ils font couler l’eau pour remplir les bassins. Ensuite ils bloquent l’eau avec les pierres. Ils attendent l’évaporation pour récolter le sel mis dans des sacs de plus de 50 kilos.

 

 

Nous remontons les bassins et nous faisons un pause déjeuner en mangeant leur sandwich. Leur pain est similaire à celui du hamburger. Et tu choisis l’ingrédient unique que tu mets dedans… Ce sera « palta » pour nous, c’est à dire l’avocat. La dame nous demande si elle rajoute le pimiento. Si por favor ! C’est une petit sauce composée de tomates, oignons et piments, le tout coupé très très fin. Un délice qui agrémente bien ce petit sandwich. Nous buvons la boisson locale, la chicha morada, confectionnée à partir d’un maïs violet. C’est très sucré. Ça ne sera pas un coup de coeur. Ils en font également à base de quinoa, ou encore de maïs jaune.

 

 

Nous marchons à travers un paysage somptueux, et une pluie derrière nous menaçante. Nous ne serons pas rattrapés par la pluie mais par José-Luis, un jeune homme qui finira la randonnée avec nous jusqu’au village de Maras. Il travaille dans les salines et vit au village. Il marche donc 40 minutes le matin en descendant, et 50 minutes le soir, en remontée, après ses 8h à soulever les sacs de sel. Il nous dit avec le sourire que ce n’est pas un travail difficile. Si tu choisis de rester au village, soit tu travailles dans les salines, soit tu cultives le maïs pour compléter les revenus du foyer. Il a l’air heureux. On le quitte sur la place du village où tous les enfants en uniforme et cartable sont en train de manger des pops corns. Il nous dit que pour rejoindre Chinchero où nous allons, il faut prendre un collectivo jusqu’à l’intersection. Et prendre un second collectivo qui passe sur la grande route.

 

 

Nous voilà à Chinchero qui sera notre déception de la journée, car pour accéder au coeur du vieux village, il faut acheter un boleto turistico qui permet aussi d’accéder aux ruines… Trop cher à notre goût, nous laissons tomber, et nous nous réfugions dans une petite cantine où la cuisinière est en train de regarder une télénovela sur un écran cathodique. Il est 17h, nous sommes à 3762 mètres d’altitude, il fait super froid. Nous prenons deux soupes en entrée, et deux plats. Erreur ! La soupe de légumes et nos plats de riz sont absolument délicieux. MAIS ce sont des portions d’hommes qui travaillent la terre en montagne. Une quantité astronomique ! Impossible de terminer, au grand désespoir de notre éducation. Nous nous confondons en excuses auprès de la dame qui rigole et nous charrie en nous disant qu’elle nous garde les restes pour le petit déjeuner de demain.

 

 

Nous n’avons pas encore eu l’occasion de rencontrer vraiment un péruvien avec qui nous avons eu une grande conversation, mais ce que nous pouvons constater jusqu’à maintenant c’est qu’ils sont très accueillants. Toujours le sourire. Il y a une simplicité dans leur accueil qui nous fait oublier que nous sommes « les touristes ». Ils donnent les petits surnoms de « mamita et papito ». On se sent intégré tout de suite. Nous sommes des gens qui rencontrons d’autres gens. C’est très agréable. Ils ont également beaucoup d’humour. Nous avons assisté plusieurs fois à des scènes où ils se font des blagues. L’atmosphère est vraiment détendue. Du coup, nous sommes à l’aise.

 

 

Nous voilà de retour à Cuzco où nous découvrons le marché San Pedro. Nous entrons par la porte la plus douloureuse : de la viande partout, des têtes coupées, des carcasses qui pendent, des pattes en l’air… Difficile. Tu trouves de tout dans ce marché, légumes, fruits, textiles, épices… Mais nous sommes venus pour déjeuner. Il y a pleins de petits stands alignés par catégories (le poisson, la viande, les jus de fruits, des desserts-café). Des dames derrière les comptoirs font la cuisine, et devant des bancs blancs alignés pour que tu t’assoies avec ton assiette.

 

 

Nous voulons déguster un ceviche car nous sommes quand même dans THE pays. La dame nous fait goûter aux poissons d’eau douce du coin, et aux poissons d’eau de mer. Nous partons sur le mix d’eau douce, dont la truite. Bien marinés dans le citron, accompagnés d’un peu de riz (ben oui !), et d’une petite salade tomates, oignons, nous nous régalons. Nous allons ensuite au stand jus, pour boire un jus de fruits où je goûte le chirimoya. Encore une nouvelle découverte gustative merveilleuse ! Et nous concluons avec un café et une part d’une énorme gâteau moelleux.

 

 

Arrivés à Arequipa, face à notre guest house se trouve un petit local appelé « Eco Brunch ». Nous venons de faire 10h de bus de nuit, sur des routes qui permettent peu le sommeil profond, et nous concluons que cela fait 2 mois que nous avons à chaque petit déjeuner du pain, du beurre pas bon, de la confiture de fraise et un oeuf (brouillé ou en omelette). Car apparement toutes les auberges de jeunesse ce sont mises d’accord pour un petit déjeuner unique… Nous entrons donc à l’Eco Brunch pour nous délecter d’un bol de yaourt avec des céréales et des fruits et des pancakes aux fruits !! Nous avions oublié que le petit déjeuner pouvait être merveilleux !

 

 

Arequipa est une ville très jolie, où les espagnols ont laissé de belles traces nous rappelant parfois l’Andalousie. Au loin pointent les montagnes et notamment deux grands volcans, dont Misti. On le reconnait parce qu’il a vraiment la forme du volcan que tu dessines quand tu es petit. A la nuit tombée, des dames sortent des grandes tables dans la rue. Elles posent des bancs. Une nappe blanche en dentelle fait la décoration. Des tasses sont posées sur des soucoupes. Au premier abord nous pensons qu’elles font du café, mais lorsque nous passons à côté d’elle, elles nous disent « el ponche ». Alors nous nous asseyons à la table. Dans la tasse elle découpe un bout de maracuya, y ajoute un jus de citron vert, puis nous verse un liquide chaud et rouge apparemment à base de pommes, puis nous demande si on veut de l’anis. On dit oui. Elle nous rajoute donc une liqueur d’anis. Et nous voilà, à côté des murs du monastère, au coin d’une rue, dégustant la version vin chaud du Pérou. C’est pas ça le bonheur ?

 

 

 

Maeva


  • Les restanques de sel sont impressionnantes. On associe toujours le sel à la mer mais vu l’altitude, on y croit plus… D’où vient cette eau salée alors? Ou est-ce la terre qui est salée ?
    Tous ces aliments que l’on ne connait pas, cette cuisine totalement nouvelle pour vous…. Je vois que vous n’hésitez pas à aiguiser votre curiosité et vos sens. Parfois on doit avoir de drôles de surprises, non ?!!
    J’aime beaucoup la dame repliée sur elle-même devant cet amoncellement d’objets très hétéroclites. On a le sentiment qu’elle est assommée par la tâche : par quel bout je vais pouvoir commencer pour tout ranger !!!
    La photo de l’étalage de fruits est elle aussi impressionnante et je n’en reconnais que très peu (et sur lesquels je peux tout aussi bien me tromper).
    Le Pérou semble un pays accueillant et superbe mais vraiment très très haut, il n’y a pas de plaines ou d’endroits moins escarpés ?
    Une dernière chose : bravo Vincent!! Quelle imagination !! Nommer “Picchu” ce chien de rencontre .. Tu as dû chercher longtemps….
    Bisous

    • – Concernant la provenance du sel à cette altitude, ils existent plusieurs hypothèses, mais la plus vraisemblable c’est qu’il s’agirait d’une saturation de chlorure de sodium dans les eaux souterraines.
      – Pour la nourriture, oui évidemment, elle fait partie intégrante de notre voyage. Et j’avoue que je m’éclate bien à découvrir toutes ces nouvelles saveurs. On a eu en effet quelques surprises, mais rien d’horrible. Genre tu manges de viande alors que tu ne pensais pas en manger, et tu apprends après que c’était de l’alpaga… voilà… Ou tu commandes un truc parce que le nom sonne bien et que tu en as marre de demander à chaque fois ce que c’est… et tu te retrouves avec des tripes flottant dans un jus bizarre…
      – Pour la dame qui dort, en fait les gens travaillent vraiment beaucoup sur le marché, et tu ne les vois jamais quitter leur stand… du coup il est très courant de voir les gens assis sur leur tabouret en train de somnoler.
      – Pour les fruits, on pourrait consacrer un article rien que sur eux tellement il y en a qu’on ne connait pas… Mais ça n’est pas facile de vous raconter des saveurs… si on pouvait vous en rapporter, on le ferait..
      – Oui le Pérou est très montagneux. Il est traversé par la Cordillière des Andes. Tu trouveras un peu plus de plat au bord du pacifique… mais on n’y va pas.. Et de l’autre côté de la Cordillière, c’est l’Amazonie.