On a un peu grandi ! Uno !

On a un peu grandi ! Uno !

Voilà bientôt 4 mois que nous sommes partis. Nous ne sommes plus en vacances car nous ne savons plus ce que c’est que travailler. Du moins dans le sens que lui a donné la société, c’est-à-dire avec de l’argent en contre partie. Nous sommes bien loin de notre vie, mais toujours très vivants. Vous imaginez qu’avec toutes les randonnées que nous faisons et les silences au sein de notre couple (non je déconne, on a encore des choses à se dire… enfin surtout Vincent !), nous avons le temps de nous poser des questions concernant le sens de la vie, et aussi au sens de ce voyage au long cours. Comme l’heure est bien loin du bilan parce qu’on n’a fait qu’un quart et qu’on ne s’est pas encore entretué, je vais juste ici raconter nos dernières aventures avec les leçons qu’on en a tirées.
Ou pas d’ailleurs.

Le voyage est avant tout l’apprentissage de l’adaptation et de l’improvisation. Avec Zion park nous avons été servis. Nous voulions faire deux jours au sud du parc et deux jours au nord. Arrivés sur place, nous apprenons que le nord est fermé car ils rénovent la route. Soit. Nous annulons nos deux nuits prévues au nord, et acceptons l’idée de perdre 17$ de commission (pardon 19,50$ me corrige Vincent). Nous trouverons bien d’autres choses à découvrir !
En attendant, direction la randonnée que nous voulions tant faire (enfin surtout moi). La Angel Landing Trail. Ah ben raté aussi. Ils ont fermé toutes les randonnées sur ce versant de montagne suite à une tempête…
Heureusement nous avons improvisé l’enchainement de deux autres randonnées qui se sont avérées sublimes. Et malgré les gens par conséquence nombreux sur le chemin, nous avons réussi à profiter d’un paysage aussi étonnant que grandiose. Et arrivés à « l’Observation point », un gars sympa nous a dit : « Si vous voulez je prends une photo de vous, parce que c’est très beau vu d’où je suis, et parfois j’ai une inspiration artistique, je peux être doué. »
Après plusieurs pas en arrière, l’appareil à l’horizontal, puis à la verticale, il finira par tendre l’appareil à son ami qui nous prendra en photo.

Le voyage c’est se connaître un peu mieux. Et à deux, c’est aussi un peu mieux connaître l’autre. Vincent en a appris une belle à ses dépends. Car après 5h de marche, avec une intense descente pour final, j’ai sombré dans un silence total, mes lèvres celées à jamais, le regard vers les montagnes. Les larmes aux yeux derrière mes lunettes de soleil. Avec un Vincent me demandant ce qu’il y avait. Je n’ai pu lui répondre bien plus tard que me faire prendre la navette gratuite du parc sans avoir eu de transition, m’avait véritablement violentée.
À présent mon chéri et moi savons que la marche me met dans un état méditatif. J’ai donc besoin d’une pause à la fin, avant de retourner à la vie normale.

Voyager c’est également découvrir des situations extrêmes. Valley of Fire nous en a fait voir de toutes les couleurs ! Elle doit son nom aux roches rouges flamboyantes. Nous, nous aurions plutôt opté pour sa chaleur extrême. 109 °F nous a dit la voiture. La toile de tente nous a permis d’avoir des matelas chauffants. Mais c’est plus utile dans une salle de massage que pour une nuit en plein désert. Par conséquent nous n’avons pas vraiment dormi, ce qui nous a permis de voir un magnifique levé de soleil et d’attaquer une randonnée tôt. Mais à 10h du matin, on n’y tenait plus. On a passé le reste de la matinée à chercher une plage au bord du lac plus bas pour s’y tremper. Ce que nous avons réussi à faire. C’était sans compter l’attaque de poissons un peu trop curieux.

Malgré tout, Valley of Fire a été un vrai coup de coeur. Parce qu’au-delà des roches rouges, nous y avons découvert bien d’autres coloris du style vanille fraise saumon fumé. Culinairement parlant je vous l’accorde, le mélange est étrange, mais pour les yeux c’était à tomber par terre !

Un jour j’ai dit à une copine que je voyais plutôt les couchers de soleil que les levers. Mais le voyage fait grandir, et je viens de passer probablement le plus gros cap de ma vie. Mon corps en est encore tout chamboulé de passer à la verticale avant l’arrivée du soleil. Bon, c’est vrai aussi que vivre dans la nature t’oblige un peu à te coucher tôt. Avant, dans notre vie à Paris, quand je disais à Vincent : « Il est une heure du mat’, faut qu’on se couche là ! », il me répondait : « Je me reposerai quand je serai mort. » A Sequoia Park, je vous jure, je l’ai entendu dire : « Oh zut il est déjà 21h, faut qu’on se dorme ! » Je pense que cette phrase a été aidé par le fait que je lui mettais la misère au Uno et qu’il le vivait mal…
D’ailleurs, Papa, je crois que nos règles de Uno ont du mal à être acceptées ailleurs que dans la famille… J’ai failli perdre mon ami Vivien à cause de ça. On a trouvé un compromis, on joue au Scrabble maintenant. Mais, je pense que Vincent doit les accepter s’il veut vraiment faire partie intégrante de la famille. Tu en penses quoi ?

Bref, je m’égare, nous étions à Sequoia Park. Ici tu vis chez les ours. Donc tu t’adaptes et tu apprends les bases de la survie face au black bear. Tu vides donc tout le coffre de ta voiture dans une box bear. Quand je dis tout, c’est la nourriture, les produits d’hygiène et le siège pour bébé (car ça sent toujours les gâteaux et le vomi). Et tu ne dors évidemment pas avec ton sandwich et ta crème solaire.

Et puis il y a de jolis dessins qui t’expliquent que si tu en croises un, il faut que tu fasses le plus de bruit possible sans prendre la fuite. A noter donc : toujours partir en randonnée avec sa cuillère et sa marmite !

Au-delà de la survie, le voyage t’apprend l’humilité, surtout quand tu te retrouves face à un séquoia de 97 mètres ou un autre âgé de 2200 ans.

Notre randonnée au milieu de ces géants a naturellement été silencieuse. Nous avons eu tous les deux le même ressenti de calme et d’apaisement. Nous étions tout simplement bien au milieu de cette forêt, avec ces écureuils et ces biches.

Nous avons fait une dernière petite randonnée sur la Buena Vista trail, nous offrant un panorama à 360° avec une lumière de fin de journée. Notre redescente a été tout aussi poétique. J’entends mon Vincent hurler des mots que je ne peux retranscrire ici (du style « oh la p*$& de m°£%%. Va c#*$€ sa m¨¨^^ la p!?** »), puis retirer sa chaussure, tapant avec au sol, tout en courant à cloche pied. L’observant d’un air ahuri, je me mets moi aussi à hurler, prise d’une douleur super violente au niveau de la cheville. Je constate qu’une guêpe est agrippée à ma chaussette, me piquant à travers. Le temps de la virée, je sens la même douleur dans mon dos. Je me mets à courir, doublant Vincent qui me dit : « Continue à courir, elle te suit ! » et lui te continuer à cloche pied. Faudrait quand même pas salir la chaussette 😉
Nous nous en sortons vivant parce qu’on est trop fort. Avec tout de même deux piqûres pour moi, trois pour Vincent. Belle conclusion quant au fait que nous soyons chez la nature et non pas l’inverse.

Pour la première fois du voyage, nous avons perdu totalement la notion du temps. Nous sommes incapables de dire quel jour nous sommes. Le ressenti est intéressant. Nous ne chercherons pas à l’apprendre. Nous savons juste que nous passons deux nuits à Yosemite. Nous nous arrêtons dans un café pour prendre un petit déjeuner et avoir un peu de wifi pour connaître où en est l’état de l’incendie qui brûle depuis plus d’un mois la région. Les pompiers ont réussi à éteindre le feu, et une des routes est ré-ouverte à la circulation. Le paysage n’est pas trop dévasté sur le versant que nous empruntons, en revanche nous pouvons ressentir l’angoisse que les gens ont eu.

Nous sommes heureux d’arriver dans un parc réputé pour ses spots d’escalades, ses rivières, et sa cascade de 739 mètres, une des plus hautes du monde. Byzance après autant de déserts !

Mais c’était sans compter le fait que nous soyons fin août. Le Mirror Lake n’a plus rien de mirror ni de lake.

Quant à notre sportive randonnée vers « the » cascade, elle nous permettra encore de nous rappeler que l’eau est de plus en plus précieuse sur la planète, et que cette fois-ci, il faudra user de notre imagination pour visualiser sa chute.

Comme dans de nombreux campings que nous avons fait, il n’y a pas de douches à disposition. Par contre nous continuons à pisser dans de l’eau potable ! Des petits écriteaux indiquent que la Californie met Yosemite en zone test et demande aux gens de faire attention à l’eau. Bonne initiative. Mais pourquoi garder les toilettes à chasse d’eau dans les campings alors que dans toutes les zones autour, ils ont mis des toilettes sèches ! Qu’ils le fassent partout !

Dans chacun des pays que nous avons traversé jusqu’à maintenant, nous avons été confronté à un problème d’eau. Même au Canada.
Quand j’étais à la fac, j’avais fait des recherches autour de l’avenir de l’eau dans le département des Alpes Maritimes. Mes trouvailles m’avaient effrayé. Dans mon quotidien, j’ai toujours fait attention, mais il est facile de rester trois minutes de plus sous la douche parce que c’est l’hiver et que l’eau chaude me fait du bien, ou que c’est l’été et que je prends une deuxième douche parce que j’ai trop transpiré. L’eau est là, facilement accessible derrière ce beau robinet chromé. J’ai beau savoir que l’eau est rare, mon bien être me fait déraper.

Une fois, nous avons mis deux dollars et nous avons eu le droit à trois minutes d’eau qui coule. Corps et cheveux compris ne m’ont pas fait utiliser les trois minutes. J’ai même eu le temps de laver une culotte et une paire de chaussettes.

Et vous alors ? Combien de temps dure votre douche ?

Pour vous aider, voici une musique de 2 min 57 s :

N’hésitez pas à laisser un commentaire en-dessous pour nous raconter vos difficultés, vos réussites, et vos idées pour nous aider à prendre soin de l’eau 😉
Et pour me confirmer que vous avez lu l’article jusqu’au bout !

Maeva


  • Que dire, sinon se répéter, mais en même temps vous le méritez tous les deux : reportage écrit magnifique, photos sublimes (Vincent est toujours aussi beau malgré les kms). Vous devenez philosophes au fil de votre périple et apprenez forcément plus vite qu’un pauvre bougre qui reste sur son bout d’terre… J’ai le sentiment que ce voyage renforce votre couple. C’était le challenge (et il est encore loin d’être atteint totalement) : survivre à la cohabitation continuelle.
    La fin de randonnée dont tu nous fais l’écho Maeva est un bel exemple de la difficulté à comprendre et à être dans l’émotion de l’autre. Très souvent on interprète le comportement de l’autre avec nos propres grilles de lecture et on est parfois à côté. On ne dit rien, on reste dans l’agacement, voire la souffrance alors qu’il suffirait de se parler. Mais que c’est dur de dire les choses….
    J’ai aimé le fait que vous acceptiez d’être CHEZ la nature. Effectivement nous ne sommes que de passage et elle, elle est définitivement et irrémédiablement chez elle.
    J’ai été particulièrement ébloui par… tout : les couleurs, les animaux croisés et la splendeur des séquoias. Et en plus la lumière était magnifique. J’ai montré à mon patron l’image de Maeva devant ces arbres et il était lui aussi subjugué.
    L’eau. Oui c’est un grand défi. Il y a déjà plus de 10 ans, on disait que ce serait l’enjeu des prochaines guerres. Cela approche malheureusement. Je vais faire le test d’un moins de 3 mns pour prendre une douche mais je pense être facilement dans les temps, sans aucune gloire… Je déteste l’eau!!!
    Dernière chose pour Vincent. le UNo, c’est une véritable culture familiale. On en parlait encore la semaine dernière avec Orlane. Donc ou tu t’adaptes ou tu trouves une autre meuf!!! T’as pas le choix mon gars. C’est une approche manichéenne un point c’est tout.
    Continuez à vivre… tout simplement. Je vous embrasse

  • Défi réussi 0 sec. Je ne me suis pas lavée ! Mais j’essaierai demain 😉
    Sinon question primordiale : C’est quoi déjà les règles Issico du Uno ? Le 0 permet d’échanger son jeu avec qui on veut ? Possibilité de poser une carte similaire à celle posée au centre n’importe quand ?

    • Bravo d’avoir sauté une douche !

      Concernant les règles, à vrai dire je ne connais même pas les règles de base, donc je ne sais pas lesquelles sont de nous ou pas…
      mais oui le zéro permet de changer son jeu avec l’autre, le “TOP” permet de poser quand tu veux une carte identique en chiffre et en couleur celle qui vient d’être jouée. Si tu dis “TOP” mais que tu ne peux pas jouer, tu pioches 2 cartes. Tu peux additionner les +4. Tu as le droit de dire menteur au mec qui pose le +4. S’il pouvait jouer autre chose, il se pioche +6 cartes. En gros dans notre famille, pas le droit à l’erreur sinon tu pioches ! On a même poussé loin : y’a un mec qui coupe le jeu en essayant de viser le bon nombre de cartes à distribuer. S’il s’est trompé il pioche deux cartes dès le départ, s’il a visé juste, tous les autres joueurs piochent deux cartes !