Soirée filles

Soirée filles

Ce soir, nos hommes garderont les enfants sans nous. Nous avons enfilé nos belles robes achetées à la boutique vintage. Direction la place des arts, pour faire les festivals Juste pour rire et Musique du monde. Puis direction rue Sainte-Catherine pour prendre un verre. Mais nous passons par hasard devant le 281…

Nous voilà toutes trois sur le trottoir d’en face, regardant l’entrée de ce club au couloir illuminé de rouge. La couleur annonce la suite. Nous nous regardons avec les yeux qui disent oui, mais les mots qui disent « Roh quand même, on peut pas faire ça ! ». Nous traversons la route, nos visages se tintant de la couleur du pêché. Il faut savoir que ce genre de club est assez courant à Montréal. C’est évidemment pour la culture que nous y allons.

La dame à l’accueil nous demande si nous sommes étudiantes… puis le monsieur nous explique les règles à respecter : « Ne pas toucher » « Ne pas prendre de photos ». Soit.

Nous rentrons, et alors que nos yeux sont attirés par des torses imberbes et musclés qui se baladent entre les chaises, c’est Jonathan en costard noir, qui nous amène à notre table. Nos rires et nos regards oscillent entre gène et euphorie. Qu’est-ce que nous faisons là, sérieux ? Nous qui sommes de gentilles filles sages !
Et pendant que nous attendons nos désinhibiteurs (entendez ici nos cocktails), un rideau s’ouvre sur quatre hommes qui dansent, habillés en ouvriers avec casque de chantier sur la tête. J’avais oublié en effet le fantasme de la femme sur le bleu de travail ! Et c’est à base de coup de pelle et de lampe torche qu’ils dansent tout en enlevant leurs tenues; le casque de chantier finissant par cacher le plus intime… à ben non en fait ! Le rideau se ferme, et c’est avec l’image de quatre sexes pendants, que nous gobons notre litchi flottant dans notre cocktail. On se dit « Un seul cocktail et on y va ».
Le rideau s’ouvre sur un peintre et une fille du public qui a payé pour être là. Et au vue de sa tenue, elle voulait vraiment être là. Le danseur l’a fait monter sur l’échelle pour qu’elle peigne le plafond… Mais les travaux dérive vite vers du body painting avec peinture fluorescente. Super esthétique et amusant, sauf pour la fille qui semble vivre la situation très au sérieux, pensant probablement rentrer avec le mec à la fin de la soirée. Je me permets tout de même d’émettre un doute quant à l’orientation sexuelle de ses messieurs, qui semblent plus s’amuser entre eux qu’avec les nanas du public qui lâchent des billets.

Nous comprenons pourquoi depuis le début de la soirée, les hommes marchent torses nus avec des petits plots transparents sur l’épaule, faisant jaillir leurs biceps. Pour 12$, il décale ta chaise de la table pour te faire un petit show rien qu’à toi, Encore faut-il avoir envie d’avoir un cul (certes beau) sous ton nez.
On reprend un cocktail pendant que sur scène passe un garagiste, le GIGN, et une tribu en jupe de paille. Et pendant qu’un sauveteur en mer tente de réanimer une pauvre demoiselle de la noyade, nous reprenons un troisième cocktail, plus détendues, nous amusant du sexy burlesque des spectacles, attendant désespérément la version cuisinier, homme de ménage ou papa à la maison…

Maeva


    • Voilà une vision des travaux manuels qui sort de l’ordinaire. Lors des prochains aménagements dans la maison, je vais devoir y réfléchir sérieusement. La peinture du plafond m’a beaucoup inspiré!!! Tes textes sont toujours aussi tordants mais tu ne racontes rien de ce qu’ont fait les hommes pendant ce temps… Tu ne crois bien sûr pas à la version « on garde les gosses!! » ?..

      • Alors ils ont vraiment gardé les enfants… Ils sont allés au parc à côté car il y avait un concert gratuit. Ensuite Yannick s’est couché. Par contre Vivien et Vincent ont regardé le documentaire « Rocco ». sur la vie du célèbre acteur…. mais Vincent s’est endormi devant…