On a failli voir les baleines

On a failli voir les baleines

Mais ce matin-là, le brouillard s’est accroché aux arbres, aux clapotis de l’eau, et à nos yeux. Plus on avançait vers le fleuve Saint-Laurent, plus il descendait. Alors nous avons plongé notre regard dans les flaques, notre reflet frustré se mêlant aux krills, ces petites crevettes dont raffolent les baleines. Elles en engouffrent dans leur bouche des quantités astronomiques. En recrachant l’eau, leurs fanons filtrent et retiennent krills et petits poissons comme le capelan ou le hareng.
Mais ça non plus nous ne le verrons pas…

 

 

Marchant sur la plage abandonnée de lumière, nous jetterons quelques cailloux de désespoir, comme une bouteille à la mer remplie de tristesse.
Les moustiques, voyant notre désarroi, ont tenté, dans leur grande générosité, d’abréger nos souffrances. Mais la vie est plus forte que tout.

 

 

Alors, après un sandwich à « La petite cochonne » [sic], nous voilà sur la route du fjord du Saguenay, tentant de nous raccrocher aux derniers souffles de survie trouvés sur les branches des arbres.

 

 

Dans de tels paysages vous imaginez bien que la chose n’est pas aisée. Il nous a bien fallu une molle et deux balades avec des points de vue pour retrouver une esquisse de sourire sur nos visages.

 

 

La vie est parfois cruelle. Car deux jours plus tard, on tente à nouveau l’affaire. Au téléphone on nous dit qu’il y a encore du brouillard sur le Saint-Laurent. Qu’à cela ne tienne ! Nous reprenons quand même la route car c’est assez nous disent les baleines ! Et puis cela faisait trois jours que Martin nous demandait : « On va voir les baleines ? » Vous comprenez, on ne pouvait pas le décevoir. Alors le célèbre chargé de production Vincent Del Perez a mis tous ses contacts à contribution. Il a appelé ses potes les krills et leur a dit : « Vous me mettez le paquet pour le petit là ! » Et puis il a embauché un acteur de dingue en guise de capitaine. Et demandé à quelques figurants de sortir la tête de l’eau de temps en temps. Et il a dit : « Action ! » (car oui il est aussi réalisateur) et le film a commencé :

 

 

Et dans la voiture du retour, Martin demande une histoire. Sous la main j’ai ma liseuse. Je cherche un livre. Je choisis Jacques Prévert, Paroles. Et devinez sur quel poème je tombe au hasard ?

A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine…

 

Maeva

 


  • Photos dans le brouillard magiques… Heureusement que vous avez pu vivre ces instants et ce n’était que partie remise puisque vous les avez vues quelques jours plus tard. Vous êtes tous très beaux en jaune et rouge (à priori c’est tendance au Canada). Le capitaine ressemble à Michel (un peu plus jeune). C’est comme si j’étais à vos côtés pour regarder les baleines. Et puis, finir avec Prévert, quel pied…

  • Bonjour mes grands voyageurs,
    J’ai été un peu absente mais je n’ai jamais oublie de regarder votre superbe blog, je suis admirative de vos photos, de vos vidéos et de vos commentaires, tous ces pays traversés qui nous permettent de mieux connaitre le monde qui nous entoure, ces paysages, ces cultures, les traditions, la nourriture sans oublier ces moments de partages que vous nous faites découvrir.
    Ici aussi la vie avance et réserve parfois des surprises, mon père nous a quitté (nous n’avions pas beaucoup de contact ) mais ça ma permis de retrouver ma sœur…
    Nous sommes partis en vacances dans notre jolie maison à la campagne et nous avons bien profite de la fraicheur, des routes pour faire du vélo ou j’ai même fait un exploit, doubler ton père en vélo…
    et nous avons fait de belles rencontres.
    Je vous embrasse trés fort et à bientôt de vous lire