Arboretum Raponda-Walker

Arboretum Raponda-Walker

Ça n’est qu’à un taxi et un clando plus tard que nous arrivons au nord de Libreville, un peu avant le cap Estérias, à l’arboretum Raponda-Walker, pour une randonnée dans un échantillon d’une forêt tropicale humide.
Vous n’avez rien compris ? Je reprends…

Prendre un taxi à Libreville ne s’improvise pas. C’est tout un savoir-faire qui commence sur le trottoir. Tu entends un rapide coup de klaxon derrière toi, ça veut dire qu’il y a un taxi qui peut te prendre. Ses fenêtres sont toujours ouvertes. Non seulement parce qu’il fait chaud et qu’ils ont rarement la clim, mais surtout pour t’entendre, car à ce moment-là tu dois hurler le prix que tu mets et ta destination. Par exemple, ce matin nous avons hurlé « 1500 Okala ». Deux possibilités : soit il se barre parce que le prix ne lui convient pas, ou parce que ça n’est pas sa destination, soit il donne un rapide coup de klaxon, et là tu peux entrer, le marché est conclu. Ce matin, nous avons eu le petit klaxon dès le premier coup. Et tant qu’il y a encore des places dans la voiture, il klaxonnera pour prendre des gens qui vont dans la même direction que les premiers clients montés.

Nous descendons donc 15 min plus tard à Okala, qui est un des points de départ de nombreux clandos. Ce sont des taxis clandestins, qui sont moins chers et vont vers la périphérie de la ville. Pas vraiment d’autres solutions quand tu n’as pas de voiture à Libreville.
À la différence du taxi, le clando attend que toutes les places de sa voiture soient prises avant de démarrer. Tu peux donc patienter un moment quand tu vas dans des contrées lointaines.
Par chance une voiture avec déjà deux personnes n’attendait plus que nous pour partir.

Après avoir slalomé entre les énormes trous de la route goudronnée, nous arrivons à l’arboretum Raponda-Walker. C’est un échantillon d’une forêt tropicale humide. Échantillon car elle a été grignotée par la ville qui s’agrandissait. En 1951 elle a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco, permettant la protection de son écosystème et de ses espèces endémiques.

Et c’est en faisant nos premiers pas dans la forêt que je me rends compte qu’elle a une odeur et des sons bien différents de nos forêts françaises. Les feuilles sèches au sol ne répondent pas de la même manière à nos pas. Elles craquent plus grave car elles sont plus grosses et plus épaisses. On est entouré d’un son que nous ne connaissons pas. Notre guide Fabrice nous explique que ce sont les cigales. On est bien loin de nos petites cigales aiguës de Provence !

Fabrice fait une entaille dans un tronc d’okoumé pour nous faire sentir l’odeur de l’écorce. Sublime. Elle est notamment utilisée en cosmétique. Son bois sert à la construction et à la menuiserie. Sa résine purifie et rafraîchit l’eau, et sert également à faire des torches car elle brûle très bien. Elle éloigne alors les moustiques et les mauvais esprits. C’est le bois gabonais par excellence.

Fabrice pansera la plaie faite à l’arbre avec de la terre et des feuilles.

Nous croisons le chemin d’un phyllobotryon, quasi endémique à cette forêt, cette plante médicinale se nourrit par le sol, mais également en réceptionnant les feuilles tombant des arbres plus hauts.

Puis plus loin, un mille-pattes nous barre la route, nous présageant ainsi la naissance de jumeaux. (Émilie, si tu me lis, c’est pour moi 😉 )

Fabrice nous explique que dans certaines ethnies la mère est considérée comme une élue de Dieu, et devient la femme de tous les hommes du village. Elle connaîtra alors les rites des femmes mais aussi ceux exclusivement réservés aux hommes.

Certaines espèces se protègent avec des épines, comme par exemple la liane de rotin et l’olovongo. La liane de rotin sert à faire des petits meubles, et son cœur se mange. L’olovongo, lui, se protège des animaux, qui ne viendront pas s’y gratter le dos ! Ses épines servant de narcoleptique, les pêcheurs les jettent dans l’eau et n’ont plus qu’à “cueillir” les poissons. Pour les femmes, les épines aident à la lactation.

La forêt tropicale regorge d’essences riches à l’être humain sachant les utiliser. Et je ne vous parle pas du niové qui est une Bétadine naturelle, ou du sorro bon contre l’anémie et pour la virilité masculine, l’azabé qui sert pour les maux de dos et dont le bois est utilisé pour les traverses des chemins de fer, ou encore de l’odika qui favorise aussi les montées de lait, et dont les fruits permettent de faire « le chocolat indigène », la fameuse sauce gabonaise, mais ça, c’est une autre histoire.

Notre histoire à nous se termine à l’autre bout de la forêt, lorsqu’elle vient s’évanouir sur la plage. Une barrière naturelle où deux mondes se côtoient. Un monde où les crabes bavardent avec les fourmis, et où les randonneurs se sentent les plus heureux du monde.

Maeva


  • Ah… Que voilà de nouveau de beaux paysages. Ces arbres sont vraiment magnifiques. Maeva, fais attention que Vincent n’abuse pas du sorro sinon tes nuits vont te paraître bien courtes. En revanche tu peux me ramener de l’azabé, mon dos te dira mille mercis.
    J’adore vos sorties épiques. Celle-ci avec les taxis m’a beaucoup amusé. Elle réclame une réelle initiation et quelle belle surprise vous attendait à l’orée de cette forêt : une plage digne des grands espaces touristiques comme les Seychelles ou les Maldives mais semble-t-il, sans personne pour vous parasiter le paysage.
    Profitez bien de ces instants magiques.

    • Pour les gens qui aiment les plages désertiques et belles, en effet le Gabon est le lieu idéal ! Et surtout, ce que je n’ai pas précisé dans l’article c’est que l’océan Atlantique est chaud !!! Vraiment chaud. Aucune difficulté pour les frileux. Et comme il y a beaucoup de rivières qui se jettent dedans, il est moins salé que sur les côtes françaises !