Notre Routine en Namibie

Notre Routine en Namibie

Nous venons de passer le cap fatidique du mois. Ce qui veut dire que maintenant nous ne sommes plus en vacances, mais en tour du monde. Et c’est assise dans le désert de sable rouge de Sesriem, au milieu des fourmis, ombragée par un acacia, que je vais vous raconter un petit peu notre routine. Car oui, quoi qu’il se passe, un quotidien et un rythme s’installent, même en itinérance, même loin de nos repères.

En Namibie, le soleil est notre commandant en chef. (D’ailleurs la longueur de cet article dépendra de la durée de l’ombre). Ce qui veut donc dire que lorsque le soleil se lève, on se lève, il se couche, on se quasi-couche. En vrai, on l’accompagne au lit, en buvant une petite bière accompagnée de cacahuètes. Et chaque soir, en trinquant, le débat ressort : faut-il oui ou non faire ça chaque soir ? Je parle ici de notre ligne, parce que globalement, regarder le coucher de soleil n’a jamais fait de mal à personne. Vincent parle de supprimer les cacahuètes au profit de tomates cerises. Je lui souris en lui disant que ça n’est pas grave, on fera des abdos le matin pour compenser. Bref, nous en sommes à notre seizième jour, et Vincent vient à l’instant de me dire : « On n’a plus de bière, mais on peut aller en acheter des fraîches pour ce soir. Parce que quand même c’est sympa. Et en plus elles ne sont pas chères ! » ( 15 N$, soit 1€ : il n’a pas tort). De toute façon, c’est s’adapter à la culture du pays que de trinquer. A chacune de nos arrivées dans un camping, on nous a dit « Et vous pouvez grimper là-haut pour voir le sunset avec une boisson fraîche. »
Alors on grimpe nous !

La Namibie propose un tourisme assez luxueux à base de lodges de ouf, à des prix de ouf, avec des vues de ouf, sur des trucs de ouf. Et nous, comme on est des ouf, ben on fait du camping, car c’est moins cher, et surtout tout est fait pour camper. Leur principe c’est « en camping, on n’a pas envie d’être emmerdé par les autres ». Donc les emplacements sont parfois à 300 m les uns des autres. On a de l’espace, et des vues incroyables sur la nature. Ce qui permet de choisir facilement le sens de notre toile de tente pour le lever du soleil. Et après un ou deux moments de flottement, nous venons de comprendre que le soleil est au nord quand il est midi, parce que nous sommes en-dessous de l’équateur. On se disait aussi que le soleil faisait une courbe chelou !
En tout cas, le sens de la toile de tente est important. Ça permet de voir des antilopes à moins de 25 m de soi quand on ouvre le ziiiiiiiiiiiiiip (vous aussi vous l’entendez ce doux bruit ?).

Comme nous sommes en itinérance, nous testons les routes namibiennes classées en trois catégories. B, C, et D. (Tiens, ils n’ont pas de A ?) Même si tu ne le sais pas avant, tu comprends le sens de ces lettres très rapidement. Avec une bonne traduction française, je dirais que B c’est pour « Bien Belle ». C c’est pour « Caca boudin » et D pour « Dégueulasse au possible, si tu es pauvre et que tu n’as pas un 4×4, tant pis pour ta gueule (ou sinon roule à 20km/h et comptes chaque bosse et chaque caillou ! )».

En gros, dans le pays, il y a cinq personnes qui n’ont pas de 4×4, dont nous.

Ça me permet d’entendre la douce voix de mon homme qui répète tous les dix kilomètres « Non mais c’est pas possible ces trous ! Non mais c’est pas possible ces cailloux. On va bousiller la voiture et on va devoir payer en plus ! » (On vous dira…). Pour l’instant, on n’a pas encore crevé. Dommage, car c’est la première chose que le monsieur de la location nous a montré : la roue de secours ! On comprend mieux pourquoi maintenant.
Bref, nous préférons rouler plus écolo, plus doucement, pour profiter des paysages, les fenêtres ouvertes, à respirer l’air poussiéreux des pistes, putain ça pique la gorge, merde il y a du sable partout dans le coffre, ça laisse le temps de prendre les photos des gnous qui traversent la route. Car oui, nous disposons d’une climatisation. Mais la voiture n’aime pas ! Après, elle allume des voyants orange en disant qu’elle n’est pas contente ! Et comme on est avec elle trois semaines, on ne veut pas la contrarier.

La routine c’est aussi se faire à manger, boire (l’eau du robinet est potable), aller aux toilettes, faire sa lessive. Nous faisons quelques courses pour tenir 3 jours. Pas plus car nous n’avons pas de frigo, mais plutôt un « coffre-four », ce qui permet de se faire un mi-cuit de concombre. Nous avons donc opté pour l’achat de gros sachets de glaçons, qui fondent dans le sac plastique, gardant au frais nos fruits et légumes. Et lorsque la glace est devenue eau, on l’utilise pour faire la vaisselle. Sauf quand l’eau se répand dans tout le coffre parce que le sachet est percé. Pas de bol. Mais on a tout de même bu des bières fraîches.

Pour un peu de confort culinaire, nous nous sommes offerts une gamelle, une mini-plaque électrique, deux bols, et on ne dira pas que Vincent a piqué deux fourchettes et deux cuillères dans un camping (pas moyen d’en trouver à acheter). Puis au bout de 8 jours, le mâle du couple en a eu marre de boire son café dans un bocal. Il a alors fait une folie budgétaire : l’achat de deux verres en verre, design by la cantine de notre enfance. Le premier verre nous a lâchement abandonné au bout de 5 jours. Un matin, à Sesriem, dans le désert du Namib, Vincent a parcouru la pampa pour retrouver notre vaisselle disparue… Dans la nuit, l’attaque des chacals (d’après les traces de pas) a tué en plusieurs morceaux ce beau verre. Le second verre nous a explosé à la tronche ce matin… Il a eu un choc thermique entre l’eau bouillante pour le café, et le froid extérieur… Paix à eux ! Le café continuera à être bu dans le bocal des betteraves.

Chaque jour nous lavons un vêtement à la main (merci Orlane pour le bouchon d’évier universel et Tiphaine pour la machine à laver manuelle), qui sèchera sur la plage arrière de la voiture. Ça fait rire systématiquement les mecs qui lavent les pare-brises aux stations services, en voyant mes culottes et mes chaussettes. On distribue du rire nous !

Concernant les toilettes, si tu déplaces un peu ta logique, tout ira bien. Tu ne te diras plus « J’ai envie d’aller aux toilettes donc j’y vais. », tu te diras « Je peux aller aux toilettes donc j’y vais. » On croise des toilettes sèches au milieu de nulle part et des toilettes avec de l’eau dans les campings. Mais on reste dubitatif concernant ces toilettes. Rappelons que nous sommes dans un pays semi-aride. L’eau y est rare. À chaque point d’eau est indiqué « Ne gaspillez pas ». Alors pourquoi ne pas mettre des toilettes sèches systématiquement vu qu’ils savent très bien faire ? Ma réponse se trouve du côté du bien être du touriste… malheureusement. Quand aux robinets qui fuient… si un plombier cherche du travail…

Donc pour résumer notre quotidien, nous vivons avec 5 litres d’eau par jour, pour deux, pour boire, manger, laver la vaisselle. (Quelqu’un relève le défi ?). Les douches sont en bonus quand on en a, et un must quand l’eau est chaude (vive les panneaux solaires). Je m’allonge au sol pour voir la pente afin d’installer la toile de tente, à travers des paysages indescriptibles de beauté. Et quand nous éteignons nos lampes frontales, c’est la voie lactée qui prend le relai, et c’est beau ça !

Maeva


  • Il va vraiment falloir écrire un livre sur ce voyage. Tout y est : les photos indescriptibles tellement elles sont belles (j’imagine que c’est ENCORE plus beau vu que le passage d’un paysage en photo le ternit quelque peu), les textes qui nous emmènent avec vous et la foultitude d’anecdotes de vie… Vraiment, faites le à votre retour ce bouquin. En attendant on profite de tout avec vous. parfois çà donne envie, parfois moins… Vous ne parlez jamais des petites bêbêtes qui viennent vous chatouiller la nuit, dans les toiles de tente… Il n’y en a pas ?.. Je doute un peu. En tout cas, au regard de vos reportages la Namibie me tente vraiment mais je ne suis pas sûr d’oser la tester en camping…
    Continuez à vivre, à vous remplir de tout çà. Quelle expérience unique vous faites. Chapeau pour votre courage car il en faut… Et vivent les habitudes et la routine… Sans elles on tomberait fou soyez en sûr…
    Je vous envoie plein de bisous.

    • On va réfléchir au livre !
      Pour les photos, oui elles ne rendent pas vraiment ce que l’on voit et en plus, nous devons les compresser un peu pour mettre sur le site, donc elles perdent encore un peu d’éclat… c’est une bonne raison pour que vous alliez voir tout ça avec vos yeux ! La Namibie est un pays très facile d’accès, très simple à visiter, tout est bien indiqué, bien fait pour le tourisme. Donc foncez ! Mais économisez avant ! Pour vous donner une idée, les 3 semaines nous ont coûté 2000 euros (sans les billets d’avion). En sachant que nous avons loué une petite voiture, mangé 3 fois au restaurant, fait une sortie kayak, dormi deux tiers de notre temps en camping, fait deux petites visites avec un guide, visité 5 parcs nationaux payants. Aucun extra, pas d’achat de souvenir. Donc c’est un pays assez cher.

    • On ne parle jamais des petites bêtes parce que finalement elles ne sont pas petites ici !! Il n’y a que des gros animaux. Les seules “petites” sont les geckos, et les criquets. On a été un peu entouré de criquet dans un des campings. Ils sont un peu curieux mais pas bien méchants. Donc non, désolée, pas de problème avec les petites bêtes (pour l’instant).