Volcan Erta Ale

Volcan Erta Ale

Nous traversons le désert dans la région de l’Afar. Nous croisons une antilope. Notre chauffeur Abraham nous dit qu’il reste encore une heure de trajet… soit 12 km…. Nous comprenons encore mieux l’utilité du 4×4 à ce moment-là car nous attaquons la lave noire. Nous sommes en direction du volcan le Erta Ale (montagne fumante en Afar), et lui et ses voisins ont laissé quelques traces de leur colère.
Le thermomètre affiche 47 °C.

Nous arrivons au camp de base, où nous mangeons avec un petit groupe de touristes. Aki, notre guide, nous signale que nous commençons l’ascension du volcan au coucher du soleil. La lampe frontale sur la tête et 2 litres d’eau dans le sac et c’est parti pour 3h de marche, un minuscule filet de lune et quelques flics pour nous accompagner. La région est classée rouge. Des touristes allemands en 2012 se sont fait décapiter. On n’est pas loin de l’Erythrée, c’est pas drôle.

Nous toussons un peu, les yeux piquent aussi. Nous arrivons au sommet. Une épaisse fumée sort du cratère. La lave bouillonnante en dessous la colore de rouge. Nous sommes obligés de mettre nos écharpes sur la bouche pour respirer car l’air est rempli de souffre. Aki nous fait nous rapprocher au bord. Et soudain tout le monde se tait. Nous éteignons les lampes frontales.

Nous entendons la terre respirer.
Comment expliquer à quel point nous nous sentons fragile et en même temps totalement connectés aux éléments…
Nous dormons à la belle étoile, les yeux dans le ciel, les oreilles dans la lave, le nez dans le souffre.

Quelque part je me rassure en me disant que quoique nous fassions, la Terre l’emportera. Pourquoi une telle réflexion dans ce moment de plénitude ?
Voyager c’est voir de belles choses mais aussi des horreurs. Et il est important d’en parler. Nous avons été choqué par la saleté au camp de base. Nous sommes au milieu d’un champ de lave et de sable noir. Quelques petites huttes ont été construites pour nous protéger du vent et du soleil. L’image est romantique. Pourtant le camp est un amas de poubelles. Des bouteilles en plastique, des chaussures cassées, des papiers, bref, le sol est recouvert de traces de merde de l’Homme.

Je me retrouve à culpabiliser d’être là. Car les touristes sont forcément la conséquence de tout cela. Mais également un problème de gestion du côté des éthiopiens. J’observe le comportement de chacun du groupe. Finalement chaque touriste semble être reparti avec ses bouteilles, à l’inverse des flics qui les ont jetées au fur et à mesure du trajet. Alors quoi faire ? J’ouvre la question.
En tout cas, c’est pas beau ça…

Maeva


  • Très beau commentaire qui malheureusement risque d’être récurrent tout au long de votre périple. De pays en pays vous allez être confrontés à ce paradoxe : la beauté du monde et ce que l’homme en fait en tant que prédateur. En tout cas si vos messages peuvent permettre à chacun de se sensibiliser à la fragilité de notre monde, ce sera un grand pas. Continuez à profiter, admirer, à vous révolter et à militer… Je vous aime.