Mulu Ecolodge – Choke mountains
4h du matin – Meskel Square – pour seule lumière les feux des bus quand ils arrivent. Des petits vendeurs avec leur chariot proposent des gâteaux, des sodas, des chewing-gum, des mouchoirs et du papier toilette. Une sorte de kit de survie pour ce qui nous attend…
8h de « massage africain » dans un bus qui passe sur des routes insoupçonnées au dénivelé équivalent à « vas-y, fais au plus court ». Les virages combinés au shaker ne tardent pas à faire entendre le premier vomi, puis à sentir le second, puis effet de dominos, le « steward » pense enfin à distribuer des sacs plastiques qui serviront.
Nous nous en sortons indemne.
Soudain le bus s’arrête. C’est la pause pipi tant méritée ! Naturellement le groupe se scinde, les hommes côté montagne, les femmes côté belle vue. Et pour la belle vue, il y avait ! 50 culs à l’air dans les fourrés, ça vaut le détour !
Nous sommes les seuls à descendre à Dembecha. Rapidement les curieux plutôt timides nous entourent. Nous demandons le bus pour Feres Bet et tout le monde nous l’indique. On ne risque pas de se tromper. Nous attendons 30 minutes car on ne part pas tant qu’il reste des places.
Nous voilà reparti pour 2h dans un mini bus, assis entre le conducteur et la passagère, dos à la route, sur une piste encore plus chaotique. J’ai, à ce moment, une pensée pour mes parents qui m’ont beaucoup entraînés sur les routes de montagnes à ne plus vomir dans la voiture. Aujourd’hui cela m’arrange beaucoup !
Après une crevaison de pneu, nous arrivons au village de Tiame où nous croisons par hasard Valérie et ses volontaires du Mulu Ecolodge. Première rencontre autour d’une bière puis bien d’autres car c’est l’anniversaire de Cass. 30 ans, ça se fête.
Nous rentrons à pied au Mulu Ecolodge, 3 km plus loin, de nuit, sous la pluie et l’orage, heureux de la convivialité de ce petit groupe avec qui nous allons vivre une semaine.
Et quelle semaine incroyable ! Nous sommes venus au Mulu Ecolodge pour aider Valérie et Abiy dans leur projet de tourisme éco-solidaire. Nous avons aidé à la confection d’une hutte, les pieds dans la terre pour bien la mélanger à la paille, puis la lancer ensuite sur la structure en bambou pour faire les murs.
Nous avons également réalisé un film pour présenter leur projet (sous-titres en français disponibles).
Complètement ancrés dans la culture éthiopienne avec les fermiers, nous avons mangé de l’injera matin, midi et presque tous les soirs. Ici tout est végétarien. Si vous voulez connaître les recettes, rendez-vous sur le site de Chloé (une des volontaires avec qui nous avons partagé de supers moments).
Les fermiers nous ont invité à une fête. Les sages ont parlé. Nous n’avons rien compris mais c’était joli. Et puis nous avons mangé de l’injera, bu de l’araki et aussi de la tela (leur bière locale sans bulle).
Comment communiquer alors que l’Amharique est loin d’être notre priorité d’apprentissage en France ? Dans cette langue, le soleil est une femme. Logique différente, nous devons nous adapter pour nous comprendre. Nous apprenons quelques mots. Et puis autour d’une bière quelques phrases qui les feront rire à chaque fois que nous les prononcerons. Cela nous rapproche un peu plus car nous échangeons quelques intentions accompagnées de sourires.
Les étoiles prennent toute la place, Tade allume le feu. Nous posons nos chaises autour, comme chaque soir, pour dîner. Les verres se remplissent d’araki. La générosité veut que les verres débordent toujours, même si c’est du thé brûlant. D’ailleurs nous apprenons vite le mot በቂ « bek’I » qui veut dire « assez », à utiliser plusieurs fois d’affilée pour qu’il marche.
Mate, la kalachnikov sur l’épaule, enroulé dans sa couverture rouge, se met à chanter. Les mains battent le rythme, et Kelemua se met à danser à l’éthiopienne, c’est-à-dire avec les épaules. Nos épaules commencent à se détendre et à comprendre le mouvement. Les musiques sur le téléphone prennent le relai, les danses s’enchaînent. Les fermiers rient, nous pointent du doigt et nous disent « Ethiopians ! Ethiopians ! » avec le pouce en l’air.
Nous voilà éthiopiens par le langage du corps. Et c’est beau ça !
Maeva
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Tous cela est joliment raconté et donne envie. J’ai hâte de revoir Vince au Taf avec son beau chapeau de paille 🙂
Quel beau cadeau vous nous faites en nous faisant partager cette semaine au coeur de la culture éthiopienne. En tout cas vous avez un beau sujet pour le « c’est caca çà » avec ce voyage épique en bus. Celui-là en revanche, je ne regrette pas de ne pas l’avoir fait car pour ma part, j’aurais sûrement vomi.. Et puis Vincent les pieds dans la boue, sourire aux lèvres et chapeau improbable sur la tête… Trop beau!!