Phénomène photo

Phénomène photo


Elle est grande. Elle le sait. Pourtant on lui rappelle chaque jour au cas où elle oublierait. En Mongolie, à chaque passage de porte vers l’intérieur d’une yourte, les gens lui en parlaient. En voyant les choses positivement, cela donnait un point de départ aux conversations. Et puis ça a créé une scène cocasse avec pleins d’enfant sortis de derrière un portail, qui, téléphone à la main, voulaient tous se prendre en photos avec Lara, demandant jusqu’à son numéro de portable…
Notre guide demandera à Lara si elle n’en a pas marre. Lara a depuis le temps, philosophé sur cette histoire. Elle lui expliquera qu’elle aime sa taille parce qu’elle lui permet un lien plus facile avec les gens. On vient à elle, on lui parle. C’est le début de l’échange. Sa taille est un facilitateur de lien social.


 

Puis nous avons posé les pieds sur le sol thaïlandais, et c’est encore sacs sur le dos, attendant l’ascenseur pour monter à notre chambre, qu’une demoiselle lui a à nouveau rappelé sa grandeur, au cas ou elle ait laissé l’idée dans l’avion, entre deux nuages.

Mais les birmans vont au-delà. Ce n’est plus une histoire de taille. C’est une histoire d’étranges étrangers, celui qui ait différent de soi. Nous sommes à présent six, donc nous ne passons pas inaperçus. Nous avons retrouvé Cécile (notre copine de Nouvelle-Zélande) et son copain Étienne, venu la rejoindre pour la suite de ce beau voyage au long cours. Et à y regarder de plus près, notre groupe est atypique. Lara est donc très grande (au cas où vous ne l’aviez pas encore compris), Antoine est grand aussi, et il porte les cheveux longs et une grosse barbe. Cécile est petite, avec des cheveux rouge foncé quant à Étienne il est roux. Vincent a des tâches de rousseurs et un pied tatoué (on est toujours pied nu au Myanmar). Moi je ne sais pas trop, mais d’ailleurs j’ai moins de succès pour les photos ! Ce qui m’a permis de faire une petite série assez amusante !

 

Photo prise par Cécile (instagram : cilouesque)

 

Je ris de voir les demoiselles agripper le bras de Lara pour faire la pause, et observer le sourire de Lara qui probablement se projette dans le futur de cette photo. Cette image d’elle qui restera en Asie, dans le téléphone d’une demoiselle trop contente de la montrer à toutes ces copines. Je m’étonne aussi de ce moine qui pause avec Lara et Vincent, alors qu’il est si difficile de prendre une photo d’eux. Ça ne se fait pas forcément, et lorsque tu demandes, souvent la réponse est négative. Et puis je me moque aussi de moi. Car je n’ose que très rarement prendre les gens en photo, leur voler leur image et égoïstement la rapporter avec moi, sans qu’eux ne l’aient vu. Peut-être que je me pose trop de questions car eux ne se gênent pas. Ils veulent un souvenir de toi, alors lorsqu’il y en a un qui se lance, c’est le groupe entier qui se lance. C’est parfois pénible car à ce moment-là, il est 6h, tu t’es levée tôt pour voir le lever de soleil et tu comates au pied de ce beau temple en te délectant de la douceur de la température. Tu es dans ton monde, tu es bloquée sur le vent qui chatouille ta peau, et les oiseaux qui sifflotent. Tu souris d’un écureuil grimpant le temple à une vitesse pas possible, te complexant sur ton niveau d’escalade, et un groupe vient alors te sortir de ta rêverie pour prendre une photo de toi. C’est vraiment ça la tête qu’ils souhaitent emporter avec eux ? Ça fait trois jours que tu t’es habillée pareil, tu as abandonné l’idée de te coiffer, le sable préférant le faire pour toi.
Mais finalement ces gens sont tellement souriants, heureux, beaux, bien apprêtés, ils rayonnent. Tu retrouves alors ton sourire, tu ris avec eux de cet échange incongru, et tu te dis que la prochaine fois tu oseras faire un portrait d’eux !

Maeva